Quitter un poste de directeur dans le conseil pour rejoindre une start-up

Les raisons sont multiples : la lassitude d’évoluer dans le même environnement depuis 16 ans, l’envie de construire ex-nihilo un environnement technique mais aussi une équipe informatique, le désir de m’affranchir des lourdeurs nécessaires d’un grand groupe pour tester l’agilité sur un projet ambitieux comme la construction d’une banque. L’élément déclencheur a très certainement été la rencontre avec le fondateur de la banque qui a su me faire partager sa vision du projet.

A mon arrivée, il a très rapidement fallu tenir compte du fait que l’établissement était régulé par l’ACPR et ainsi construire l’ensemble des processus, et donc du système d’information, avec cette contrainte. En cela, l’esprit de travail chez Ditto ou dans un cabinet de conseil sont très proches. La grande différence est la rapidité des décisions et des mises en œuvre. Au sein d’une fintech, les décisions sont prises rapidement et la mise en œuvre se fait dans les semaines qui suivent.

Je venais d’un environnement informatique existant et très stable, le challenge le plus important a été de redémarrer d’une feuille blanche.

Sans hésiter, je pense que les enjeux de ma prise de poste ont été de :

• Savoir par où commencer : Si la cible était assez simple à définir, la trajectoire pour parvenir à cette dernière était, elle, beaucoup plus complexe.
• Recruter mes 10 premiers collaborateurs : et dans ce contexte d’embauche, la vigilance votre mot clef, car un ou deux mauvais recrutements peuvent avoir un effet catastrophique sur une petite équipe en phase de lancement.

J’ai appris beaucoup de cette expérience, sur différents plans.

• Technologie: j’ai vraiment remis à jour mes connaissances. Démarrer un projet sans la contrainte d’un existant permet de choisir des outils modernes.
• Humain: la gestion des ressources dans une startup est très différente de celles que l’on retrouve en cabinet. La structure hiérarchique est beaucoup plus courte et vous devrez non seulement gérer vos N-1 mais aussi être à l’écoute des équipes terrain qui ont besoin quotidiennement d’être motivées, rassurées et encouragées.
• Métier:  j’ai clairement approfondi mes connaissances en termes d’opérations bancaires, d’AML, KYC, CRM, paiement, carte à puce…
• Actionnaires : c’est sûrement la plus grande nouveauté pour moi : le rattachement à un groupe international. En tant que membre du comité de direction, j’ai très régulièrement échangé avec eux. Cela m’a permis de mieux comprendre leurs attentes et matérialiser ces dernières par un plan d’action et un reporting d’avancement partagé mensuellement.

C’est une question assez difficile… Je pense sincèrement que j’ai utilisé tout mon arsenal de compétences pour arriver à bâtir le SI de la banque. Mais je pense à 3 compétences propres au consultant qui ont été peut-être plus importantes que les autres :

• La capacité de modéliser les processus et les flux d’une entreprise
• Ma connaissance des normes et référentiels des bonnes pratiques IT (ITIL, Prince 2, Cobit…)
• Mon expérience dans la conception de schémas directeur

Mon premier conseil serait de dire à cette personne de se faire plaisir ; j’entends par là de choisir un sujet qui lui fait envie. L’aspect rémunération est important, certes, mais il reste secondaire dans une aventure comme celle-là. Je conseillerais également de ne pas prendre peur devant l’étendu du projet. Les gens sont dans leur grande majorité bienveillants et vous laisseront un temps raisonnable pour monter en charge lorsque vous arriverez sur le projet.

D’ailleurs, je pense qu’il faut prendre le temps de se rappeler que oui, nous avons des compétences très variées. Après avoir passé un certain temps en entreprise, on a le sentiment que l’on s’est enfermé dans son poste, on a l’impression de n’être qu’un maillon de la chaîne qui réalise toujours les mêmes missions. Mais c’est faux. Vous avez accumulé des expériences qui peuvent être utilisées dans un autre cadre, pour un autre type de métier.

Selon moi, les facteur clés de succès sont d’abord d’avoir confiance en soi. Ensuite, il vous faut définir le plus clairement possible les attentes de votre nouvelle entreprise pour que vous puissiez vous investir à fond sur vos objectifs sans vous disperser et être opérationnel rapidement. Enfin, de communiquer avec votre management et votre équipe. Plus cette communication sera fluide et transparente, plus vous allez vous intégrer facilement dans votre nouvel environnement.